La Toponymie routière
Lors de la recherche d'une voie antique, il est nécessaire de tenir compte de nombreux paramètres et le plus important d'entre eux est, bien sûr, la reconnaissance sur le terrain. A cela peut s'ajouter l'étude des compoix, des cadastres et des photos aériennes. Un autre indice dont on peut tenir compte est l'hodonyme (du grec ancien ὁδός, hodós (route) et ὄνομα, ónoma (nom)), pour conforter une hypothèse, par exemple.
A l'époque gallo-romaine, les noms de lieux sont essentiellement basés sur les bornes milliaires : Quart pour le quatrième milliaire, Quint pour le cinquième, Sixte pour le sixième, Septime pour le septième, Octavus pour le huitième...etc...
C'est au Moyen-Age que la plupart sont apparus, ainsi l'estrade, estra ou estrée dérive du latin via strata : la chaussée sur laquelle on a étalé un revêtement. La via calciata, la voie foulée aux pieds (calx) est devenue chaussée ou caussade. Les cols et défilés sont devenus pas et pertus. Comme ils étaient souvent difficiles à franchir, ils s'appelaient plutôt malpas et malpertus. Les pendaisons des condamnés sur le bord des chemins nous a donné les justices, potences, fourches. Les établissements religieux où l'on hébergeait malades et pèlerins nous ont donné Madeleine, Malautières, Mas Dieu.
Les voyageurs du Moyen-Age s'arrêtaient dans les tavernes *, les logis **, les auberges ***, et les hostelleries ****(nos quatre étoiles modernes)...
La Table de Peutinger
PEVTINGERIANA TABVLA ITINERARIA
Un document de grande valeur, malgré qu'il ne s'agisse là que d'une copie de copies, est la Table de Peutinger. Datant du XIIIème siècle, elle s'inspire d'une vieille carte romaine détaillant le CVRSVS PVBLICVS ; c'est à dire l'ensemble des routes et des principales villes de l'Empire romain, depuis la côte Est de la Grande-Bretagne jusqu'à l'embouchure du Gange.
La table est constituée de 11 parchemins conservés qui, une fois assemblés, représentent un magnifique atlas en couleurs de 6,82 m sur 0,34 m. Seul le premier segment (de couleur blanche) est manquant. Il s'agit d'un essai de reconstitution de Konrad Miller, datant de 1887.
Les quatre premiers segments couvrent une partie de la Bretagne, la Gaule, le nord de l'Italie et une partie du Maghreb.
Les quatre suivants couvrent la zone de l'Italie centrale jusqu'à l'île de Crète, le nord de la mer Adriatique ainsi que la Tunisie et la Lybie.
Les cinq derniers segments couvrent la zone de Constantinople, la Turquie, l’Égypte et l'Inde jusqu'au delta du Gange.
La Table de Peutinger est actuellement conservée à la Bibliothèque Nationale Autrichienne, à Vienne.